mardi 10 juin 2014

J 7 de Båtsfjord à Berlevåg, via Kirkenes le 8 Juin 2014

C'est la fin du voyage pour la moitié d'entre nous, le début du retour pour les autres. Journée un peu intermédiaire pour tous, où nous sommes allés jusque chez les russes, ou presque. Une rivière à traverser, c'est presque rien. Kirkenes semble sans charme, mais maintenant je la vois autrement puisque j'écris ces lignes après avoir pris le temps de la visite du Musée de la Reconstruction à Hammerfest.

Kirkenes, Hammerfest et les autres, c'est Brest, Lorient, Cherbourg et d'autres sous des latitudes plus nordiques et plus froides. Et d'autres circonstances, mais l'effet est le même. Plus aucune originalité ni spécificité historique de l'habitat, tout ayant été rasé il y a 70 ans. En Norvège, c'est la fameuse politique de la terre brûlée. Rien ne doit subsister derrière soi, selon les nazis. La reconstruction s'est faite avec encore plus d'impériosité sous ces climats bien plus rudes que les nôtres, où la tente en hiver n'est pas un moyen d'habitation très sûr.

Kirkenes

Nous saluons les compagnons qui partent (enfin moi je dormais encore, contrairement à ce que croit Paul qui m'imagine plus courageuse que je ne suis réellement). La nuit avait été passée à dormir d'un oeil et à surveiller de l'autre le plafond nuageux pour guetter vainement la sortie du soleil de minuit. En effet, durant la nuit du 7 au 8, on nous a dit que le soleil était sorti des nuages à 2h00, ce qui nous avait fait grogner de rage. Nous accueillons avec un sourire en coin les petits nouveaux, qui essaient de s'habituer vite fait à la croisière. Ils ont tout intérêt, car demain c'est le petit déjeuner au Cap Nord, lever aux aurores, pour un spectacle au soleil semble t'il, du moins on leur souhaite, vu leur investissement personnel.

On part vers midi, et la mer de Barents semble d'humeur plus active que depuis le début du voyage. On va voir si on tient la mer pour de vrai. Passage à Vardø, et première escale des newbies. Quelques photos pour illustrer, le phare sur sa colline, la ville dans sa baie. Elle aussi réduite en cendres il y a 70 ans. L'église est contemporaine. Certains auraient aimé visiter plus longuement mais le captain les rappelle à l'ordre. Faut vite mater les nouveaux.

La mer frise de plus en plus, avec du vent qui s'annonce, à la fois par la voix de Peter, notre annonceur préféré, mais aussi par la rapidité de notre service de table à ranger vite fait la vaisselle. On n'est pas dupe.


22h00 : le MS NORDLYS (aurore boréale en norvégien) est annoncé en croisement bord à bord à la sortie du port de Berlevåg. On va leur montrer qu'on agite bien les draps et les serviettes, sur le pont 8. Pas trop de réponse, voire pas du tout sur les ponts opposés. Grande sérénade de sirènes de nos deux navires. Bon voyage à tous. Il fait un froid piquant et le vent souffle fort.

Murielle est prête

De retour en cabine, c'est le grand soleil. Et donc, le soleil de minuit est annoncé. Je décide dans ma tête que j'en serai. Je lis "Cent ans" de Herbjørg Wassmo, que j'avais pris avec moi pour cette croisière (je frime un peu, c'est juste un livre numérique, donc pas de surcharge de poids...). Je revis un peu de ce que j'ai appris de la Norvège en lisant ce livre. J'utilise Google Maps, pour visualiser les endroits évoqués par l'auteure. Pendant ce temps, Murielle est à Bergen avec son policier préféré, qui dit pis que pendre du service des Urgences de la ville (Gunnar Staalesen). Un peu plus tard, alors que la barbouille est bien là, compte tenu des vaguelettes extérieures, Murielle déclare qu'elle dort. Je persiste, perdue dans mon histoire plus ou moins en phase avec la réalité, puisqu'on me parle de tempête sur le Vestfjord, à bord du Finnmarken, le premier du nom, qui a bossé jusqu'en 1956 au sein de la compagnie de transports de l'époque. Je vise en fait le moment où le bateau va virer au sud, vers Kjøllefjord. Le vent et les vagues d'est nous ficheront peut être la paix. Vers 01h30, quelque chose change. Je vérifie : le virage est fait. Bien sûr, il fait toujours grand jour ! Je m'habille version grand nord, et j'ai raison : il fait dehors un froid de gueux. Le vent est très violent, mais la mer est devenue presque plate. A l'ouest, je vois les terres du Cap Nord au loin, qui s'arrêtent dans la mer à la verticale. Devant, les montagnes enneigées du Finnmark, vers Hammerfest. Et à l'est, à babord, les hautes falaises de la côte, qui vont s'ouvrir pour nous laisser entrer dans le Kjøllefjord. Au Nord ? Ben la mer de Barents, voyons. Mais non, je blague : LE SOLEIL DE MINUIT AUSSI ... Chose amusante pour moi : je n'ai croisé qu'une passagère fugitivement, et deux membres d'équipage en plein nettoyage de la coque. Quasiment personne pour admirer cette merveille...



 

Conclusion : une journée de transition, comme parfois dans les voyages ;-)